Mon plan de travail CP

Avec mon type de classe (5 niveaux de la TPS au CP), je suis régulièrement confrontée au besoin d’autonomie de mes élèves. Cette année, j’ai 29 élèves dont 12 CP. Parmi mes CP, 3 sont déjà bons lecteurs depuis la GS. Au bout de 10 jours de classe, même si j’essaie d’adapter leur travail, je vois bien qu’ils aimeraient faire plus de choses et qu’ils passent beaucoup de temps à attendre. Par conséquent, voilà ce que j’ai réalisé aujourd’hui. Normalement, j’utilise ce genre de plan de travail à partir de décembre ou janvier, mais là, nécessité fait loi.

Ce plan de travail est une sorte de contrat fonctionnant à la semaine : ils font d’abord les 4 activités obligatoires (partie de gauche du document) chaque jour et lorsque c’est fait, ils peuvent passer aux activités plus « fun » dans l’ordre qu’ils souhaitent. Les grosses cases servent à indiquer les numéros de pages ou de fiches ou d’exercice qu’ils doivent faire et elles servent également à mettre des tampons bonhomme lorsque je corrige. Un peu comme mon cahier de défis.

Chaque jour je peux ainsi voir leur avancement et les réorienter si besoin. J’espère que cela va assouvir leur soif d’apprendre !

Le cahier de défis

La base du problème

Ayant une classe multi-niveaux maternelle-CP, j’ai rapidement été confrontée au besoin d’un enseignement quasiment individuel pour chaque enfant. Evidemment, les besoins d’un enfant de 2 ans ne sont pas les mêmes que ceux d’un enfant de 7 ans. Sa vitesse de « travail » non plus. Et même pour les élèves du même âge, il existe de nombreux écarts.

Ainsi, après 4 mois à me dépatouiller avec mes 5 niveaux dans un fonctionnement « classique » type ateliers tournants en maternelle et enseignement en frontal en CP, j’ai jeté l’éponge ! Je n’en pouvais plus de passer du temps à courir d’un atelier à l’autre, de devoir me rappeler qui avait participé et qui était absent, qui n’avait pas eu le temps de finir et donc devait rattraper…. Sans oublier les coupures de courant intempestives ou des visiteurs inopinés (comme un crapaud ou même la neige), bref toutes ces petites choses qui nous cassent le rythme et qui nous rajoutent du stress au quotidien dans la gestion de classe.

Les usages des collègues

En flânant d’un blog à l’autre (oui oui je flâne), j’ai découvert que de nombreux collègues utilisaient un système d’ateliers bien différent dans lequel les enfants avancent à leur rythme et surtout où chacun choisit ce sur quoi il veut progresser.

Ayant la chance d’avoir beaucoup de matériel à disposition dans ma classe (en terme de quantité, de qualité et de variété), j’ai décidé de mettre en place un cahier de défis. Pour réaliser mon cahier de défis, j’ai d’abord emprunté sa couverture à Fofy à l’école et j’ai mis à ma sauce le fonctionnement de La classe de Marion.

Ce que ça donne dans ma classe

Dans ma classe, le cahier de défis propose des activités de réinvestissement que l’enfant va réaliser en autonomie selon ses envies (en fonction de ce qu’il est capable de faire et parmi un choix défini après un dialogue entre lui et moi). Il permet une progression individuelle puisque chaque enfant a des objectifs différents mais ne demande pas de passer trop de temps en préparation puisque les fiches sont les mêmes pour tous (enfin il faut quand même les faire ces fameuses fiches mais une fois que c’est fait on est à peu près tranquilles !).

Chaque fiche est imprimée sur un papier de couleur : rose pour les activités mathématiques (géométrie ou dénombrement), vert pour les activités de découverte du monde (représentation dans l’espace, reproduction de modèles de construction…), jaune pour les activités langagières et orange pour les activités de graphisme.

Comment je procède En multi-niveaux ?

Je m’explique : à partir de la fin de la Petite Section (période 4 ou 5 selon les enfants), chaque élève se voit remettre un cahier de défis (chez moi un cahier 17*22, 48 pages à couverture polypro violette). Dans ce cahier, les élèves commencent par coller la page de garde (empruntée à Fofy) qu’ils peuvent colorier. Une nouvelle couverture plus personnelle est en cours de fabrication avec ma petite soeur. J’en parlerai dans un prochain article. Puis, je leur donne une ou deux fiches défis à coller dans le cahier à la suite de la page de garde. J’insiste sur le fait qu’ils collent eux-mêmes.

A la place d’un cahier, j’aurais pu relier les fiches défis mais je préfère utiliser un cahier pour deux raisons : d’abord, les enfants apprennent à manipuler un cahier, à coller à l’endroit de gauche à droite et sans sauter de page, sans que la feuille ne déborde ; ensuite cela permet d’ajouter n’importe quel défi à n’importe quel moment sans avoir à passer par la case relieuse.

Présentation d’une fiche défi

Une fois les deux premières fiches collées, j’explique à l’enfant ce que représente la fiche. Voici un exemple de fiche défi. Ici, il s’agit de l’atelier Triolo de chez Nathan. En général, je donne celle-ci en premiers aux élèves car ils connaissent bien l’atelier Triolo. Ils peuvent ainsi se concentrer sur le fonctionnement du cahier de défis et non sur la difficulté de l’atelier à réaliser.

Fiche défi vierge
Fiche défi terminée

Quels ateliers donner et à qui ?

Au début, l’élève est un peu perplexe d’avoir un cahier, mais lorsqu’il comprend grâce au bonhomme que ses réussites sont mises en valeur, il en redemande ! Les premières fois, je ne propose qu’une ou deux fiches à disposition de l’enfant, puis, je lui en propose une dizaine ou une quinzaine, ainsi, il choisit son activité et avance à son rythme.

Je donne les fiches en fonction des capacités des enfants mais aussi après concertation avec eux pour tenir compte de leur sensibilité du moment. Le dialogue engagé avec l’enfant pour choisir les fiches permet non seulement à l’enfant de se projeter dans ses apprentissages futurs mais est également une sorte d’engagement verbal puisque c’est lui qui a choisi ses activités. Il sait qu’il devra terminer ses fiches avant d’en obtenir de nouvelles.

Certains enfants n’auront jamais plus de quatre ou cinq fiches à la fois, car un trop grand choix les empêche de se lancer. Pas de problème, il suffit d’en proposer plus souvent de nouvelles ! D’autres ont besoin que je les guide et que je leur dise tous les jours vers quel apprentissage s’orienter. Encore une fois pas de problème, on en discute ensemble et je lui indique la fiche à travailler en priorité.

Pour m’y retrouver, mais aussi pour permettre à mon Atsem ou à un éventuel remplaçant de coller de nouvelles fiches sans donner n’importe quoi, j’ai agrafé au fond du cahier un tableau récapitulatif des ateliers proposés. J’entoure au crayon de papier les fiches qui pourraient être données à l’enfant (cela signifie qu’il est capable de les réaliser). Lorsqu’une fiche est donnée à l’enfant, la fiche est entourée au stylo. Enfin, lorsqu’elle est validée (c’est-à-dire lorsque l’enfant obtient un bonhomme), on fait une croix au stylo.

Et en cas d’échec ?

Parfois, je surestime la capacité d’un élève à effectuer une fiche. Celui-ci se retrouve donc en difficulté devant son atelier et ne le réussit pas seul. Dans ce cas j’en discute avec lui. Je lui demande s’il pense avoir bien réussi, s’il pense avoir fait seul son travail ou s’il a eu besoin de beaucoup d’aide. Je mets en évidence le besoin d’aide pour lui expliquer que je ne peux pas valider la fiche par un bonhomme qui sourit mais qu’à la place il aura un bonhomme qui veut dire qu’il va devoir refaire la fiche un peu plus tard dans l’année. Jusqu’à présent, les élèves ont toujours bien accepté le fait de devoir refaire. Cela n’est pas perçu comme un échec mais plutôt comme un report de la validation.

Ici, l’élève n’était pas prêt à faire cet atelier de graphisme. Il a donc un bonhomme « non compris, à reprendre »

Comment je range ?

Les ateliers de maths
Les ateliers de langage
Les ateliers explorer le monde (surtout espace et sciences : objets)

J’ai expliqué plus haut que les fiches étaient colorées (rose pour maths, vert pour explorer le monde, jaune pour langage et orange pour graphisme). Grâce à l’APE de l’école, j’ai pu acheter des meubles à bac dans le magasin IKEA. J’ai donc acheté des bacs roses, des bacs jaunes et des bacs verts (je n’ai pas exactement le même vert dans ma classe mais l’idée est là !). Le tout dans de jolis meubles blancs (tours de 6 bacs ou meubles en escalier). Les fiches orange étant des activités de graphisme, celles-ci sont dans des cartons à dessin que les enfants savent identifier et n’ont pas besoin d’être rangées dans des bacs.

Ainsi chaque atelier possède son propre bac. Je n’ai pas d’atelier en double. Dans le bac, je ne mets que le strict nécessaire à la réalisation de l’atelier. La boite de jeu est rangée vide ou avec le matériel en trop dans ma réserve. Comme ça les boites ne s’abiment pas, en plus c’est plus joli dans la classe et surtout les élèves n’ont pas de difficulté à refermer les boites parfois trop justes pour tout y mettre. Il suffit de tout remettre dans le bac et de glisser le bac dans le meuble.

Ci-contre l’exemple de l’atelier des mots niveau 1/4. Dans le bac, j’ai laissé deux réglettes pour permettre d’écrire le mot en capitales et en script, les cartes 1 étoile (mots de 3 lettres) et les lettres nécessaires en capitales et en script (pour éviter des heures de recherche et un découragement des élèves, je ne mets que les lettres nécessaires).

Comme la plupart des ateliers ont plusieurs niveaux de difficulté, j’ai collé des gommettes étoiles sur chaque fiche du jeu que j’ai regroupées dans des enveloppes elles-mêmes étoilées. Ainsi, ici par exemple, pour atelier Cubes et Nombres 2, chaque enveloppe correspond à un niveau de difficultés et les élèves ont moins de tri à faire. Résultat : ils sont plus autonomes et plus efficaces dans le rangement.

Un petit bonus : le bonhomme couronné !

Pour accroître le plaisir de l’achèvement et motiver encore plus les élèves à aller au bout des défis, sur le même principe que les trophées dans les jeux vidéos, j’ai mis en place le bonhomme couronné. Ainsi, lorsque tous les niveaux d’un atelier ont été réalisés, le bonhomme devient un bonhomme couronné pour le plus grand bonheur des loulous qui l’arborent ainsi avec fièreté dans toute la classe !

Et après ?

Ce cahier suit les élèves de la PS à la GS. En CP, l’emploi du temps est trop chargé pour permettre de le continuer (et aussi, je n’ai pas vraiment les ressources nécessaires). Face à la demande des élèves, j’ai mis en place un plan de travail à mi-chemin entre le cahier de défi et le plan de travail plus scolaire qu’utilise ma collègue de CE-CM. Je le présenterai dans un prochain article.

Quels ateliers ?

Voici (enfin!) les fiches que j’ai créées. Je les partage ici en pdf afin que vous les utilisiez telles quelles dans le cadre de votre classe ou à la maison pour l’IEF.

Les ateliers roses (maths)

Les ateliers jaunes (langage)

Les ateliers verts (découvrir le monde)